En 2012, lors de ma reconduction à la présidence de l’ICA, j’ai volontairement placé l’évolution du rôle de l’archiviste à l’ère du numérique au cœur de mon programme. Dans notre société contemporaine, où l’information est considérée comme un bien de grande valeur, l’archiviste doit impérativement se repositionner en tant que gestionnaire de l’information. Il doit s’octroyer un rôle d’acteur incontournable dans la réalisation des grands objectifs d’intérêt général, parmi eux la responsabilité démocratique, la transparence administrative et la protection des droits du citoyen. Sans systèmes d’archivage performants, les grandes politiques du secteur public, comme la gouvernance ouverte (« Open Government ») et les données ouvertes (« open data »), ne pourront jamais prendre corps. À l’âge de l’information, l’archiviste doit disposer d’outils lui permettant de gérer, de conserver et de mettre à la disposition du public toutes sortes d’archives créées sous format numérique. Je savais d’emblée que, pour relever un tel défi, l’ICA serait dans l’obligation de bâtir des partenariats et de forger des alliances avec d’autres organisations. Les programmes que nous pourrions mettre en place dans le seul cadre du réseau ICA allaient vraisemblablement connaître des limites qui nous empêcheraient d’atteindre nos véritables objectifs. Depuis le congrès de Brisbane en août 2012, l’ICA a dirigé l’essentiel de ses efforts vers les enjeux de la conservation numérique. En son sein, la Commission du programme, pilotée par Henri Zuber, a fait de la mise en place d’un groupe d’experts en matière d’archivage numérique l’une de ses toutes premières priorités. Vis-à-vis des milieux extérieurs, j’ai représenté l’ICA lors de la Conférence de l’UNESCO sur la Conservation numérique, tenue à Vancouver en septembre 2012. Lors de cette conférence, qui a connu un franc succès, l’ICA et l’IRMT (Fonds international de gestion des archives) ont convenu de la nécessité de mieux étayer les archivistes dans leurs démarches en matière de conservation numérique et de lier explicitement le rôle de l’archiviste à la mise en œuvre de programmes publics plus larges dans ce domaine. Il est clair que nous avons tout intérêt à travailler ensemble avec l’IRMT, sans exclure la possibilité d’une collaboration ultérieure avec d’autres partenaires.
La politique de l’ICA dans le domaine de la conservation numérique comporte désormais deux axes principaux. Avec le soutien de la Commission nationale des Pays-Bas pour l’UNESCO, je me suis attelé à la création d’une feuille de route pour le numérique destinée à canaliser les interventions des organisations internationales et du secteur de l’informatique au plus haut niveau dans le but de repérer les obstacles faisant actuellement barrage à la conservation numérique et de lancer un chantier visant progressivement à les éliminer. Une réunion importante de haut niveau se tiendra à La Haye en décembre 2013 sur le thème de cette feuille de route.
Parallèlement à ces activités, la Commission du programme et le Secrétariat de l’ICA se sont penchés sur le canevas d’un cursus type relatif à la conservation numérique, en mettant l’accent sur les besoins des collègues exerçant leur métier dans les pays les plus démunis en matière de ressources, et cela en partenariat avec l’IRMT. C’est à Janis Karklins, Sous-Directeur général de l’UNESCO pour la communication et l’information, que nous devons l’occasion devant laquelle se sont retrouvées nos deux organisations en novembre 2012. Grâce aux actions menées en binôme par l’IRMT et l’ICA depuis cette date, une réunion d’experts a eu lieu à l’UNESCO à Paris en avril dernier, au cours de laquelle ont été validés les principes de base de la démarche lancée par les deux organisations. Peu de temps après, des moyens financiers ont également été octroyés pour la réalisation d’un projet pilote visant l’Afrique et les Antilles. L’ICA reste naturellement ouvert à toute possibilité d’élargissement du périmètre d’expertise dès que le cursus commencera à prendre forme.
Les deux axes de la politique de l’ICA, c’est-à-dire, la mise en place de mesures visant à renforcer notre influence au plus haut niveau par rapport aux évolutions juridiques et technologiques et l’élaboration de supports pratiques de formation accessibles aux archivistes professionnels, forment un ensemble cohérent. Je suis entièrement persuadé que les supports proposés tiendront compte de toutes les actions de recherche et d’archivage en cours. Mon principal souci concerne ces professionnels de l’archivage qui sont constamment sous pression, n’ont pas forcément accès à des formations continues et qui sont désespérément à la recherche d’un guide des bonnes pratiques. Voilà comment se profile le public cible du cursus type.
Les membres de l’ICA devront désormais faire preuve de solidarité en soutenant ces initiatives. Les débats animés autour des grands enjeux de la profession sont certes une preuve de bonne santé mais nous devons surtout, et plus que jamais, présenter un front commun dans la poursuite de nos objectifs majeurs. Vis-à-vis de nos collègues à travers le monde, nous n’avons pas le droit à l’échec. Je reste, cependant, convaincu que, portée à travers le monde par l’enthousiasme des membres de l’ICA, notre politique à deux axes sera le gage de notre réussite.

Martin Berendse, Président de l’ICA 
Le 5 août 2013

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